
Il a feint l’agréable surprise de notre rencontre. Bégayante, je me broyais les mains, négligemment décontractées dans mes poches. Jamais plus, je ne dirai qu’il est superficiel de se maquiller pour aller au Carrefour. Pourquoi ne pas l’avoir rencontré en sortie de fitness, les joues joliment rosies par l’effort ? (En plus, ça lui aurait rappelé des souvenirs…) Ou avec Johnny, pour frimer devant Chaud-Lapin, du playboy avec qui je passe mes nuits ? Mais que nenni, la vie est parfois cruelle pour les pimbêches.
Nous avons échangé des banalités affligeantes comme des bonnes gens de la société que nous sommes. « - Ça va ? » « - Ça va. » «-Tiens, tu manges du boudin ? » « -Euh… » Au moment où je me demandais si lui consommais des capotes, une grande plante blonde, qui se promenait sans son pot, est venue le rejoindre. Elle, apparemment, accordait plus d’importance que moi à la nécessité d’une image extérieure flatteuse au supermarché. Je dirai par dépit, qu’à défaut d’avoir une importance intérieure, elle compensait comme elle pouvait. Mais en réalité, elle était trop jolie pour que je puisse penser, en premier lieu, à la détester (d’abord, je l’ai admiré, ensuite je l’ai détesté). Donc re-broyage des mains à la vue de cette (pétasse de) blonde. «- Tu connais Eva ? » « - Enchantée de te rencontrer » dit-elle, sans le moindre soupçon de future jalousie de ma part envers elle. (Il ne manquerait plus qu’elle soit en plus sympa, et je me suicide au Danone périmé !) « -C’est ma nouvelle copine » (pas possible ? Dis donc, il ne me prendrait pas pour une conne ?)
Elle avait les seins arrogants au niveau de mon front : une pute, quoi ! Il a sourit, j’ai pâlit. Lorsqu’elle est partie chercher un shampoing pour cheveux soyeux (une pute, j’vous dis), il m’a confié qu’il n’avait jamais été aussi heureux.
A partir de maintenant, je fais mes courses par Internet !