vendredi 18 septembre 2009

Mélissa danse en rond

A Gracia, il y avait ce couple, aussi beau que peuvent l’être deux personnes qui s’aiment. Il y avait moi, niaise à les contempler et eux qui dansaient comme s’il n’existait qu’eux. J’étais captivée, leurs regards, leurs mouvements me touchaient sans me voir. Je les ai ainsi contemplé jusqu’à que mes yeux n’en puissent plus. Tout à leur bonheur, je regrettais le mien, passé et présent dont je ne savais à l’évidence pas profiter. Leur amour, beau à voir, restait pénible : pourquoi eux ?

Il était là, lancinant. Il me piquait de mes remords et ne pouvait s’empêcher de m’accuser. Je n’étais pas seule ! Toi aussi, mon bel Endymion, tu pouvais lutter. Nous avons cédé par facilité (nous cédons tous par facilité), nous n’étions pas différents de vous, de lui, d’eux. Nous étions simplement inconscients. Ma montre s’est brisé en même temps que mon cœur. J’ai amené mon bijou chez l’horloger, mais le cardiologue n’a pas voulu me recevoir. « On ne répare pas les cœurs ici Mademoiselle » « Mais alors, vous faites quoi ? » Le proctologue s’est montré plus compréhensif… Au fur et à mesure, l’image disparait. Pour se consoler, mon cerveau a mis en place une cellule de crise. Il me fait même douter de l’existence du passé. Que me reste-t-il ? Parfois, je me sens comme la victime d’un incendie : des images dans les yeux, des pincements au cœur et des films cérébraux. C’est vraiment trop peu. Peut-on s’acheter une vie clef en main sur Internet ?